mardi 14 février 2012

Groundhog Day : Somnum Guy Novis

De temps en temps, avec Maître Guy, on s'appelle. Dimanche matin, très tôt, mon portable a vibré très fort sur ma table de nuit. Dans mon demi-sommeil, l'espace d'un mouvement rapide de l’œil, j'ai cru que c'était la NZRU qui m'appelait, à la suite du décès de Steve Hansen dans une baignoire d'un hôtel d'Auckland...

C'était Maître Guy, le Recordman de France cadet du 1200 mètres, Celui qui empêcha Villepreux de devenir Berbizier, l'Homme qui a dit Non (au poste de sélectionneur). Je ne m'attendais pas à lui parler à cette heure de la journée, alors que je l'imaginais dormir du sommeil du Juste après avoir déjoué, vendredi dernier, le complot basquo-arbitral.

Guy était très agité. J'entendais sa voix essoufflée alors que je me redressais en essayant de ne pas réveiller ma femme.
- Vern, c'est toi ?
- Oui, Guy, c'est moi. Il est un peu tôt, tu ne trouves pas ?
- J'ai fait un cauchemar affreux...
- Tu as rêvé que tu avais recruté le jardinier du Stade de France ?
- Pire !
- Ah quand même... Tu me racontes ?
Je me levais et j'allais me préparer un café dans la cuisine.

- Alors voila : je me suis réveillé un matin dans une chambre d'hôtel d'un petite ville de province, Bordeaux... ou Lyon, à moins que ce ne soit Biarritz, je ne sais plus... Peu importe... J'avais programmé la télévision pour être réveillé en musique : c'était le clip de "Il est vraiment phénoménal" par Patrick Sébastien.
- Ouch !.. Drôle de réveil...
- Ouais, un truc improbable, un peu comme si Bernard Laporte donnait des leçons de déontologie...
- Euh... Il l'a fait je crois...
- Ah !.. Ben mon vieux... Bref ! Je me lève, j'éteins la télé et je mets à la place le Stabat Mater de Poulenc pour me donner du cœur pour la conférence de presse. Parce que, je ne te l'ai pas dit, mais c'est un week end de doublons. Je descends dans le hall de l’hôtel, et là, je tombe sur le MIDOL du vendredi et je lis, entre un scandale sur l'arbitrage et un limogeage d'entraîneur, que le top 16 est recréé pour la saison suivante. Je prends déjà un gros coup sur la tête... La journée passe, jusqu'au match. On perd, ma première ligne, composée de jokers médicaux, se blesse, ainsi que ma charnière. On prend l'avion pour rentrer rapidement à Toulouse, et je perds trois joueurs supplémentaires à la suite d'une mauvaise manipulation de porte en plein vol. Arrivé à la maison, je me mets devant le match du XV de France pour critiquer ce pauvre nul de sélectionneur à qui j'ai daigné céder la place. C'est bien la peine de sélectionner 13 joueurs du Stade pour gagner sur un contre et deux interceptions... Mais, comme il fait trop froid, la rencontre est annulée deux minutes avant les hymnes et est reportée lors de la journée de championnat où le premier rencontre son dauphin...
- Ah ouais... Dure journée...
- Attends, c'est pas terminé ! Je prends deux prozac et un lexomil pour parvenir à m'endormir. Le lendemain, je me réveille dans une chambre d’hôtel d'une ville de province, avec "Il est vraiment phénoménal" de Patrick Sébastien à la télévision... Quel soulagement lorsque je me suis réveillé...

Je contemplais le lever du soleil à travers les fenêtres de la cuisine. Le froid rendait l'air de la montagne cristallin. Le paysage me rappelait la Nouvelle Zélande. Une bouffée de nostalgie m'envahit.

- Guy ?
- Oui ?
- Guy, tu ne rêves pas. Ton cauchemar, c'est la réalité. Ça s'appelle le rugby français...

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