samedi 7 avril 2012

Avant la bataille (2)


L'opération aéroportée s'est déroulée avec succès.
Nous nous sommes rapidement mis à couvert dans une forêt à l'ouest de l'objectif. Nous progressons avec circonspection pour éviter les bandes de partisans qui infestent la région. Il n'est pas question de s'exposer inutilement.
Watford est à portée de fusil. Tout paraît calme dans le voisinage, mais je sais que l'ennemi est là, vigilant. Il guette. Peut être même qu'il connaît notre position, mais qu'il nous attend patiemment pour nous combattre sur son terrain. Il a tout intérêt à demeurer dans sa citadelle et nous prendre à parti alors que nous monterons à l'assaut.
Notre temps est compté, et nous ne pourrons pas nous cacher indéfiniment, de même que l'ennemi ne tolèrera pas longtemps cette présence sur son territoire. Le choc aura lieu. Je le prévois pour demain, en fin d'après midi. Il devrait être bref, mais intense. Il y aura un vainqueur... Et un vaincu...
La nuit tombe, nous bivouaquons. J'essaie de prendre contact avec le général Novès. Silence sur la fréquence... Les hommes ont l'air serein. Leur instinct leur dit que le moment n'est pas encore venu. Après l'excitation du départ, il est temps de se reposer avant l'engagement. Derniers réglages, dernières recommandations. Dans l'obscurité, certains passent d'un groupe de combat à l'autre en chuchotant des conseils et des encouragements. Je discerne parfois l’éclat de leurs yeux dans la pleine lune, qui contraste avec la noirceur de leurs visages grimés. J'ai du mal à les reconnaître, ils ne forment plus qu'un ensemble cohérent et des-individualisé. Je tente de les discerner d'après leurs expressions et leurs postures. Je fais inconsciemment une revue d'effectif. Je pense à ceux qui sont restés à la base et qui préparent déjà la prochaine bataille, mais qui seront tous au PC de transmissions au moment du choc, pour connaître, en direct, le résultat de l'assaut.

Je ferme les yeux.

Je les imagine tous en action, chacun avec ses qualités, ses défauts, ses humeurs et ses secrets. Je vois ces trente bonshommes, si humains, si différents, si forts et si fragiles.
Je sais leurs angoisses, leurs ambitions ou leurs fêlures.
Je connais les dissensions et les petites inimitiés au sein du groupe.
Mais je sais que lorsqu'ils montent au combat, ils n'ont qu'un seul objectif, qu'un seul intérêt, la victoire.

Ce doit être cela, une équipe...

Je suis fier d'être parvenu à cela.


J'écoute. Tout est calme. Je n'ai plus peur.

La fatigue, aussi vigilante que l'ennemi, me guette à son tour. J'ai besoin de force pour demain. Je sombre dans un sommeil aussi profond que le néant.

2 commentaires:

  1. Début de la bataille. David Skrela tire le premier et balance un obus, trop court, qui retombe ses camarades et pulvérise l'armée jaunarde entière. Les Saracens gagnent.

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    1. On n'est jamais à l'abri d'un "yellow on yellow"...
      Et on espère tous qu'il n'y aura aucun dommage collatéral...

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